Urbanisme et réduction de la pauvreté à Bogotá

urbanisme et réduction de la pauvretéLorsque Bogotá, en Colombie, a élu Enrique Peñalosa maire en 1997, le maire Peñalosa a dû faire face à une bataille difficile. Les quartiers informels, les transports publics défectueux et les routes encombrées ont accru la pauvreté et réduit la qualité de vie des citoyens de Bogotá. Le maire Peñalosa avait un plan, cependant, et son succès dans la fusion de l’urbanisme et de la réduction de la pauvreté fournit un modèle pour les maires des pays en développement du monde entier.

Les défis de Bogotá dans les années 90

Bogotá a fait face à de nombreux défis en tant que ville dans les années 1990. En l’absence de planification urbaine, les établissements informels dominaient le paysage. Près de 200 000 branchements d’eau illégaux existaient et seulement 60 % de la population avait accès au réseau d’égouts principal. Craignant le crime et l’agitation des voitures en mouvement, beaucoup ne pouvaient pas profiter des rues dans lesquelles ils vivaient, avec des quartiers pauvres dépourvus d’espaces publics accessibles.

Avec ces défis, Peñalosa savait qu’il ne pouvait pas faire grand-chose. Il s’est rendu compte qu’au cours de son seul mandat de maire, il ne serait pas en mesure de sortir chaque citoyen de Bogotá de la pauvreté. Ainsi, il a décidé d’examiner les implications de la pauvreté. Pour lui, le développement constituait une « meilleure façon de vivre, de ne pas être plus riche ». Le manque d’accès à l’eau, à la nourriture, au logement, aux transports et aux espaces verts, dont jouissait abondamment la classe aisée, constituait la pauvreté, et pas seulement un faible revenu mensuel. En s’attaquant directement à ces problèmes, Peñalosa pourrait combiner urbanisme et réduction de la pauvreté sans viser à augmenter les salaires.

Formaliser l’informalité

L’un des plus gros problèmes auxquels les populations urbaines sont confrontées au 21e siècle est l’informalité. En 2019, selon les Nations Unies, près d’un milliard de personnes vivaient dans des logements informels ou des bidonvilles. Le logement informel conduit généralement à la marginalisation de la communauté et à un accès réduit aux réseaux de distribution de nourriture et d’eau. Heureusement, les stratégies d’urbanisme et de réduction de la pauvreté peuvent rectifier ces situations, et c’est exactement ce que Peñalosa a fait.

Au cours de son mandat de maire, Peñalosa a officialisé 322 quartiers et fourni près de 700 égouts pour les quartiers informels, améliorant considérablement les moyens de subsistance de ceux qui vivent dans ces quartiers. En utilisant de nombreuses stratégies d’urbanisme, il a également fourni un meilleur accès aux transports afin que les personnes vivant dans ces quartiers puissent accéder aux commodités de la ville au sens large. Sa stratégie consistant à se concentrer sur la formalisation et la connexion des quartiers informels plutôt que sur l’augmentation des salaires permet un meilleur retour sur investissement, car l’accès plus large à la ville améliorera naturellement la qualité de vie.

Durabilité et espaces publics

Peñalosa est entré en fonction en tant que maire dans le but de développer Bogotá autour des gens et non des voitures. Dans une ville où à peu près 30% des gens conduisaient des voitures, concevoir une ville entièrement autour de ce véhicule serait illogique. Il souhaitait notamment des espaces publics adaptés aux plus vulnérables, les personnes âgées et les enfants, visant à réduire la pauvreté en augmentant le niveau de vie.

Peñalosa s’est concentré sur trois types d’espaces publics pour réduire la pauvreté. Il s’est d’abord concentré sur une stratégie commune d’urbanisme et de réduction de la pauvreté : les transports. Au cours de son mandat, il a construit environ 220 miles de pistes cyclables protégées, ouvrant les rues à bien plus que des voitures. Il a également formalisé le réseau de transport en commun pour permettre un accès plus équitable.

Sa deuxième stratégie d’urbanisme et de réduction de la pauvreté couvrait l’espace éducatif, la construction de bibliothèques et d’écoles publiques pour accueillir 200 000 nouveaux étudiants. L’infrastructure éducative est l’un des outils les plus importants pour lutter contre la pauvreté et stimuler l’alphabétisation.

Troisièmement, il s’est concentré sur les espaces de loisirs, en ordonnant la construction et la restauration de parcs publics. L’accès à ces trois espaces combinés — transports, équipements éducatifs et espaces de loisirs — peut grandement réduire les impacts de la pauvreté. De plus, le statut public de ces équipements signifiait que l’accès ne dépendrait pas du salaire d’un individu.

Implications pour la lutte contre la pauvreté

Les maires du monde entier peuvent utiliser le mandat de Peñalosa comme modèle pour leurs propres villes. Les stratégies d’urbanisme et de réduction de la pauvreté utilisées par Peñalosa étaient innovantes à l’époque, mais d’autres recherches ont montré leur efficacité dans le monde entier. La formalisation des zones informelles et l’expansion des espaces verts sont devenues une norme pour les urbanistes du monde entier. Bien qu’elle ne soit pas sans défauts, la stratégie de Peñalosa consistant à combiner planification urbaine et réduction de la pauvreté a contribué à lutter contre la pauvreté en se concentrant sur l’augmentation du niveau de vie plutôt que sur la simple mesure des revenus.

– Justin Morgan
Photo : Wikimédia

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