Tout savoir sur la pauvreté au Liban

Tout savoir sur la pauvreté au Liban
Cela fait presque trois ans que le Liban, auparavant qualifié de « Suisse du Moyen-Orient », a commencé à sombrer lentement dans la pauvreté. Comme l’indique le rapport de l’ESCWA, 82% de la population libanaise et non libanaise vit dans la pauvreté multidimensionnelle tandis que 40% d’entre eux vivent dans l’extrême pauvreté multidimensionnelle. Ces chiffres résultent d’une crise économique sans précédent qui a débuté en octobre 2019 et qui n’a cessé de s’aggraver avec l’épidémie de COVID-19, l’explosion du port de Beyrouth, la corruption persistante et la guerre en Ukraine. Voici tout ce qu’il faut savoir sur la pauvreté au Liban.

Soins de santé

L’un des symptômes les plus importants et les plus dangereux de l’augmentation de la pauvreté au Liban est la dégradation du système de santé. La livre libanaise a perdu plus de 90% de sa valeur depuis 2019, rendant impossible pour de nombreux professionnels de la santé (infirmiers et médecins) de vivre décemment avec leurs salaires, les amenant ainsi à quitter le pays pour de meilleures opportunités à l’étranger. En plus de cela, le pays importe de nombreux produits de soins médicaux et médicaments, ce qui entraîne une augmentation considérable de leurs prix, les rendant inabordables pour beaucoup. Le Liban a les moyens de produire ses médicaments, une action que le gouvernement actuel encourage alors qu’elle a encore besoin de temps avant d’être pleinement mise en œuvre.

Services publics et sécurité alimentaire

Une autre dimension à connaître sur la pauvreté au Liban est le manque de services publics à la disposition de la population. Le plus célèbre, touchant une majorité de personnes, est le manque d’électricité fourni par l’État, obligeant les Libanais à tendre la main aux propriétaires de générateurs privés pour avoir quelques heures d’électricité par jour. Cependant, cette alternative a un coût considérable pour les ménages libanais. Le carburant qui alimente les générateurs provient de l’étranger, nécessitant des paiements en USD et rendant impossible pour beaucoup de souscrire à ce service au milieu de la grave crise économique que traverse le pays.

Un problème plus récent auquel le Liban doit faire face à la suite de la guerre en Ukraine est la crise du blé et avec elle un risque de pénurie dans la production de pain. Le pays importe plus de 60 % de son blé d’Ukraine. L’urgence de ce nouvel enjeu dépend aussi de la capacité du gouvernement à sécuriser des quantités suffisantes avant toute hausse du prix du blé.

Éducation

Les nombreux défis auxquels le Liban a été confronté au cours des trois dernières années ont également eu un effet sur l’éducation. Selon l’UNICEF, 260 000 enfants libanais risquent d’interrompre leur scolarité. Que ce soit la pandémie de COVID-19 qui a contraint les étudiants à arrêter leurs études faute de moyens pour les poursuivre en ligne, la destruction de certaines écoles à Beyrouth après l’explosion du port et la crise économique obligeant certaines écoles et universités à augmenter leurs les frais de scolarité les rendant inabordables pour beaucoup.

Efforts pour aider le Liban

Il y a un an, la Banque mondiale a approuvé un projet de 246 millions de dollars pour fournir à 147 000 ménages des besoins de base ainsi que des transferts monétaires. Plus récemment, le Fonds monétaire international (FMI) a conclu un accord de 3 milliards de dollars avec le gouvernement libanais pour aider le Liban à sortir de la crise. Par ailleurs, les ONG locales jouent un rôle important dans l’aide aux personnes dans le besoin. Des acteurs privés prennent également des initiatives pour profiter de cette situation, en valorisant les produits fabriqués au Liban, dépendant ainsi moins des importations.

Ainsi, avoir présenté tout ce qu’il faut savoir sur la pauvreté au Liban, montre clairement que le pays n’est pas dans sa meilleure phase. Cependant, l’espoir est toujours là avec de petits pas vers un avenir meilleur et surtout avec une jeune génération qui apprend des erreurs des plus âgés. Aider le Liban, c’est donc aider un pays plein de potentiel et montrer une fois de plus qu’il se relèvera malgré tout.

Youssef Yazbek
Photo : Flickr

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