Nettoyer l’industrie de la pêche thaïlandaise

Industrie de la pêche thaïlandaise
Ces dernières semaines, la Thaïlande a connu une nouvelle vague de cas de COVID-19 provenant d’un grand marché de fruits de mer près de Bangkok. Le Premier ministre thaïlandais n’a pas tardé à imputer l’épidémie aux réseaux de passeurs de clandestins et aux immigrants illégaux. La plupart de ceux qui travaillent sur ce marché particulier viennent du Myanmar voisin. Cette épidémie en cours ramène l’industrie de la pêche thaïlandaise à se concentrer. L’industrie fait face à une pression internationale pour répondre aux constatations de conditions de travail horribles, de salaires injustes et de travail forcé. Cet article traite de l’importance de l’industrie de la pêche thaïlandaise, des violations des droits de l’homme découvertes ces dernières années et de ce que certains font pour résoudre ces problèmes.

Industrie de la pêche thaïlandaise

L’industrie de la pêche thaïlandaise exporte plus de 6 milliards de dollars de produits par an et emploie plus de 800 000 personnes. C’est le troisième exportateur mondial de fruits de mer et le premier exportateur mondial de crevettes. L’industrie a été critiquée dans l’UE en 2014 en raison de rapports révélant un travail forcé généralisé, des abus des travailleurs et une dégradation de l’environnement dans l’industrie.

Les immigrants birmans représentent une majorité de ceux qui travaillent dans l’industrie de la pêche thaïlandaise, suivis d’un pourcentage plus faible de Thaïlandais, de Cambodgiens et de Laotiens. Les travailleurs des bateaux de pêche sont exclusivement des hommes, tandis que les hommes et les femmes travaillent chacun dans le secteur de la transformation des produits de la mer. Il existe un mélange de travailleurs réguliers et irréguliers, ce qui rend difficile la détermination du nombre réel d’immigrants dans l’industrie de la pêche. Environ 3 millions de travailleurs migrants vivent légalement en Thaïlande et environ deux millions d’autres sont sans papiers.

Des mauvaises conditions de travail

Les conditions de travail sur les navires de pêche thaïlandais sont notoirement difficiles. Dans plusieurs rapports, les travailleurs discutent du travail de 18 à 20 heures par jour avec une nourriture, de l’eau et des fournitures médicales inadéquates. Entre 14% et 18% des migrants déclarent être victimes de travail forcé. Parmi ces victimes de la traite des êtres humains, plus de la moitié déclarent avoir vu un collègue tué devant elles. Les menaces des employeurs et les passages à tabac sont courants, de même que le travail en mer pendant des années sans être autorisé à quitter le navire. Ces conditions affectent toutes les nationalités de l’industrie de la pêche thaïlandaise, mais les immigrants sans papiers sont les plus vulnérables aux mauvais traitements.

Solutions

Bien que beaucoup de travail soit nécessaire pour résoudre les problèmes de l’industrie de la pêche thaïlandaise, la Thaïlande a été largement réceptive aux suggestions faites par des organisations comme l’OIT et d’autres ONG nationales et internationales de défense des droits de l’homme. Le gouvernement a amélioré les cadres juridiques et les mesures de conformité pour les entreprises de pêche. En outre, les salaires ont augmenté et les conditions de logement s’améliorent, selon les répondants d’une récente enquête de l’OIT publiée en 2020.

Les lois spécifiques qui ont été mises en place incluent l’élimination des frais de recrutement que paient les travailleurs, l’interdiction de la pratique des employeurs de retenir les documents d’identité des travailleurs et l’interdiction du travail des enfants dans l’industrie de la pêche. À l’avenir, la conformité régionale sera essentielle pour faire appliquer ces cadres juridiques. La Thaïlande tente de créer ce précédent dans la région de l’ASEAN. En réponse, l’UE a levé sa note de «carton jaune» pour le secteur et continue d’accepter les importations de fruits de mer.

Le réseau de protection du travail

Depuis plus de 15 ans, le Réseau de protection du travail (LPN) est le fer de lance des efforts de nettoyage de l’industrie de la pêche thaïlandaise. Le LPN mène des raids d’action directe sur des bateaux de pêche illégaux, fournit un abri à court et à long terme aux victimes et éduque les enfants dans ses centres. De plus, LPN a attiré l’attention internationale sur l’industrie grâce à ses campagnes de plaidoyer. L’apparition de la cofondatrice Patima Tungpuchayakul dans le documentaire «Ghost Fleet» est une partie notable de ces efforts. En 2017, Tungpuchayakul a reçu une nomination pour un prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur des droits de l’homme.

Chaque année, LPN fournit également une assistance juridique à plus de 3 000 migrants. Il fournit une assistance en thaï, en birman, en khmer ou en lao, en fonction des besoins des migrants. Les victimes de la traite des êtres humains en Thaïlande ont droit à la protection du gouvernement et à une assistance juridique. Le LPN joue un rôle crucial dans l’identification des victimes de la traite des êtres humains qui accorde ces protections, car les autorités thaïlandaises ont parfois du mal à identifier les victimes à travers ses procédures d’application.

Grâce au travail du gouvernement, du LPN et d’autres ONG, l’industrie de la pêche thaïlandaise améliore ses normes pour répondre aux demandes internationales. Avec cet éclairage sur les questions de droits de l’homme impliquées dans l’industrie, le financement et le suivi restent essentiels pour tirer parti des progrès actuels.

Matthew Brown
Photo: Flickr

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