Les radios maliennes combattent le COVID-19

Alors que la pandémie se prolonge, le Mali a découvert un moyen de se connecter et d'informer ses citoyens. Ce pays africain enclavé s'appuie sur des stations de radio, comme Mikado FM, pour sensibiliser au COVID-19 et mettre en œuvre les directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans la capitale Bamako, des émissions populaires, comme «Midikado», testent les connaissances des auditeurs sur les procédures de distanciation sociale, offrent des cadeaux à des participants informés et décrivent les symptômes du virus. Par ces tactiques, les radios maliennes cherchent à aider leur pays tout au long de la crise sanitaire.

Promouvoir la paix et la conversation

Les radios maliennes n'ont pas toujours eu la puissance et l'ampleur qu'elles ont aujourd'hui. Au contraire, ils sont arrivés lorsque le pays avait besoin de négocier la paix et d'apaiser les divisions ethniques. En 2013, des organisations terroristes associées à Al-Qaïda ont attaqué la région, encourageant la dissidence et la division. Pour aider le pays, la France a déployé des troupes alors que les Nations Unies (ONU) développaient leur Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation au Mali (MINUSMA).

Maintenant considérée comme la mission des Nations Unies la plus dangereuse, la MINUSMA a à peine réussi à négocier un accord de paix en 2015 axé sur le désarmement et la démobilisation. La violence sévit toujours dans le pays, d'autant plus que les agriculteurs dogon et les éleveurs peuls – deux groupes ethniques en guerre – continuent de se battre pour leur territoire. Alors que l'ONU se préparait à quitter le Mali, la MINUSMA a décidé de financer des stations de radio pour promouvoir la paix et encourager les conversations.

S'adapter au COVID-19

Lorsque le COVID-19 est arrivé en mars, les stations de radio maliennes sont passées du maintien de la paix aux soins de santé et au plaidoyer. Mikado FM a reçu le plus d'attention car ses programmes se spécialisent pour atteindre le plus de communautés possible.

Atteindre les communautés isolées

Grâce au projet à impact rapide (QIP) de la MINUSMA, les stations de radio maliennes ont augmenté leur fréquence grâce à des «émetteurs plus puissants». L'ONU a également fourni aux stations de radio maliennes «des ordinateurs portables, des microphones, des casques et des enregistreurs vocaux numériques». Les Nations Unies espéraient que ces stations de radio toucheraient les communautés isolées et réduiraient la violence ethnique.

Des stations, comme Mikado FM, ont tenu leur promesse et ont même adapté leurs programmes pour tenir les communautés isolées au courant du COVID-19. 67% de la population ne sait ni lire ni écrire, ce qui fait des radios maliennes des sources d'information vitales.

Mikado FM répond aux besoins des communautés isolées en diffusant ses programmes dans différentes langues. La dispersion des informations en français, bambara, songhay, tamasheq, peul et arabe aide chaque communauté à se sentir valorisée et protégée.

Créer des spectacles autour de la santé

Les stations de radio maliennes ont adapté leurs programmes pour inclure des informations mises à jour sur le virus. Principalement, Mikado FM s'engage avec ses auditeurs lors de chaque épisode, posant deux questions sur COVID-19 auxquelles les auditeurs doivent répondre. Ce questionnement vigoureux garde le public vigilant sur les symptômes et la prévention du COVID-19.

Les radios maliennes consacrent désormais une émission hebdomadaire à la santé et au bien-être. En s’entretenant avec le directeur adjoint du Département national de la santé, Abdoulaye Guindo, et le représentant de l’Organisation mondiale de la santé au Mali, le Dr Jean-Pierre Baptiste, ces stations de radio tiennent également les auditeurs informés du travail des agences gouvernementales de santé

Mikado FM a même ajouté un psychologue à son personnel pour discuter de l'importance de la santé mentale pendant la pandémie. La station a également lancé une émission pour enfants intitulée «Le coronavirus expliqué aux enfants» pour tester les connaissances des enfants sur le virus et les divertir pendant leur mise en quarantaine.

Contrer la désinformation

Tout en mettant à jour, testant et soutenant les communautés, ces stations s'efforcent également de contrer la désinformation, les «fausses nouvelles» et les rumeurs entourant le virus. Plusieurs animateurs de Mikado FM ont surveillé les médias sociaux et ont remarqué que «les rumeurs et la désinformation se propageaient plus vite que la pandémie».

Pour dissiper la désinformation, Mikado FM a lancé son émission «Le vrai du faux» ou «True From False». L'animateur de cette émission, Aboubacar Dicko, découvre de fausses nouvelles qui circulent sur les réseaux sociaux et les démystifie «pour rétablir rapidement les faits». Des émissions comme celles-ci atténuent les craintes du public, car leurs auditeurs reçoivent des informations précises sur le virus.

Le succès continue

Du maintien de la paix à la pandémie, les radios maliennes, comme Mikado FM, «travaillent 24 heures sur 24» pour soutenir leurs communautés pendant les crises. Les citoyens maliens restent optimistes quant à l’avenir de leur pays alors que la violence diminue et que la désinformation s’estompe. Malgré les divisions ethniques et les quarantaines obligatoires, les citoyens peuvent compter sur les radios maliennes comme «bouées de sauvetage» pour obtenir des informations.

Kyler Juarez
Photo: Pixabay

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