La lutte des enfants soldats en Colombie

Enfants soldats en Colombie
L’implication des enfants dans les conflits armés est une dure réalité, bien que les médias la considèrent souvent comme un phénomène de niche par rapport à de nombreuses autres questions internationales. Selon les estimations, le nombre d’enfants soldats dans le monde s’élève aujourd’hui à plus de 300 000, mais ce n’est qu’un chiffre statistique. L’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Amérique latine sont les zones où l’utilisation des mineurs dans les contextes de guerre est la plus importante. La prévalence des enfants soldats en Colombie est un problème qui nécessite une attention particulière.

Les enfants soldats se trouvent souvent dans des régions où les gouvernements sont très instables et les organisations rebelles prédominantes. De plus, ces zones mettent souvent en œuvre des investissements militaires visant à maintenir la stabilité au détriment des plans de développement économique, conduisant par la suite d’autres pays à les exclure des échanges internationaux. Pendant ce temps, ces gouvernements sont souvent incapables de fournir même les services les plus essentiels, ce qui se traduit par des systèmes de soins de santé inadéquats ou absents, des niveaux de chômage très élevés et le manque de systèmes éducatifs. La Colombie n’est pas différente avec une prévalence de troubles et d’enfants soldats.

Le début de la guerre des enfants en Colombie

La République de Colombie se distingue dans ce contexte non seulement pour avoir les taux de criminalité les plus élevés au monde, mais aussi pour le taux croissant d’enfants impliqués dans des actions militaires. Des groupes de guérilla et paramilitaires, en plus des forces armées gouvernementales, recrutent de force des enfants de tous âges, dont beaucoup n’ont que 8 ans. Les statistiques estiment qu’il y a jusqu’à 14 000 enfants soldats qui combattent actuellement dans des groupes d’opposition en Colombie ; cependant, c’est une pratique qui dure depuis plus de 60 ans.

Les cibles privilégiées pour le recrutement sont inévitablement les jeunes des quartiers les plus pauvres des grandes villes ou des zones rurales les plus désespérées car ils n’ont pas accès à l’éducation de base et à la formation professionnelle, et sont donc sans beaucoup de perspectives. De plus, le recrutement se fait avec de fausses promesses, mais le plus souvent par la coercition, sous la menace de violences envers ces enfants et leurs familles. Malheureusement, rejoindre ces corps ne représente pas une échappatoire aux menaces pour ces enfants qui, avec peu ou pas de formation, doivent agir comme des boucliers de première ligne, mener des exécutions, participer à des missions suicides ou fabriquer et transporter des explosifs. Dans ce contexte, la différence entre les sexes est une ligne mince et les différences de rôles entre les hommes et les femmes deviennent de plus en plus petites à mesure que l’âge du recrutement diminue.

Selon les estimations, les enfants soldats de sexe féminin représentent 40 % du total des enfants soldats dans le monde et il semble que les milices leur réservent les tâches les plus difficiles. Non seulement les enfants soldats de sexe féminin à travers le monde accomplissent les tâches réservées aux garçons, mais beaucoup finissent également comme porteurs, espions, aides-soignants et même jeunes mariées et esclaves sexuelles.

Cause des enfants soldats

Pour comprendre les causes des enfants soldats en Colombie, il est nécessaire de cadrer le contexte politique du pays. Le passé politique troublé de la Colombie remonte à 1948, lorsque le meurtre du leader libéral Jorge Eliécer Gaitán a provoqué une guerre entre libéraux et conservateurs. Plus d’une décennie d’instabilité croissante a conduit à la création des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et de l’Armée de libération nationale (ELN). Ces groupes paramilitaires ont ensuite convergé vers les Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) et ont poursuivi les combats pendant encore 20 ans, semant le chaos et la mort dans le pays et kidnappant des dirigeants politiques. C’est au sein de ces groupes paramilitaires que la pratique de l’exploitation des enfants à des fins diverses a commencé. En conclusion, le 23 juin 2016, les FARC et le gouvernement ont signé un cessez-le-feu démontrant leur engagement à bâtir un avenir meilleur pour la Colombie.

Cinq ans plus tard, cependant, la stabilité politique semble encore loin, et avec elle, la tragédie des garçons et des filles utilisés et abusés. En novembre 2019, le gouvernement colombien a appliqué un plan d’action national ainsi que d’autres mesures de responsabilisation comme le cas n° 07 de la Juridiction spéciale pour la paix visant à prévenir le recrutement et la violence sexuelle contre les enfants dans le pays. Malgré ces mesures, selon le dernier rapport annuel du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, des groupes paramilitaires comme les FARC continuent de recruter de force de jeunes garçons dans leurs milices sans punition.

Combattre le problème

Heureusement, surtout au cours des dernières décennies et grâce à la mobilisation du gouvernement colombien, de nombreuses organisations à but non lucratif soutiennent directement la cause contre les enfants soldats en Colombie et dans de nombreux autres pays pauvres. Ils le font non seulement en permettant aux populations d’accéder aux services essentiels, mais aussi en construisant des terrains de jeux et des écoles et en favorisant l’accès au travail. Une organisation qui aide les enfants est Misiones Salesians, qui a commencé à Madrid dans les années 1970 et a atteint 130 pays aujourd’hui. Il fournit une aide internationale pour promouvoir le progrès économique et social de divers pays, contribuant ainsi à éradiquer les causes profondes à la base de l’exploitation des enfants. En outre, Missioni Don Bosco Onlus, qui a commencé à Turin en 1991 et est une continuation du travail pionnier de l’humanitaire italien, a créé 4 469 écoles et centres de formation professionnelle pour aider environ 1 140 000 garçons à travers le monde.

Pour mettre fin aux enfants dans la guerre, le gouvernement colombien doit continuer à définir des politiques et des mesures de responsabilisation toujours plus strictes visant à décourager le recrutement d’enfants soldats. De plus, au niveau international, il est nécessaire que les gouvernements établissent et imposent collectivement des sanctions contre ceux qui refusent de ratifier les accords internationaux pertinents et commettent de tels crimes. À une époque où les gouvernements du monde entier semblent accepter la réalité des faits sur plusieurs questions, il reste crucial de ne pas oublier l’importance capitale des plans d’aide étrangère des pays développés en faveur de causes qui n’ont peut-être pas de lien direct ou un retour immédiat sur leur économie ou leur société, mais cela représente une opportunité considérable de progrès collectif.

– Francesco Gozzo
Photo : Flickr

*