Histoire des enfants soldats au Myanmar

enfants soldats au MyanmarDepuis un demi-siècle, le Myanmar lutte pour réduire son nombre d’enfants soldats. Anciennement connu sous le nom de Birmanie, le Myanmar a une longue histoire d’utilisation d’enfants dans les conflits armés, qui a commencé lorsque le pays a obtenu son indépendance en 1948. En 2002, Human Rights Watch a classé le Myanmar comme le pays avec le plus grand nombre d’enfants soldats. Bien que le Myanmar ait pris des mesures pour réduire ce nombre, le nombre d’enfants soldats au Myanmar reste alarmant et nécessite une intervention plus importante.

Utilisation antérieure d’enfants soldats

Selon le Child Soldiers Global Report 2001, 20 % de l’armée du Myanmar était composée d’enfants de moins de 18 ans. Bien que la législation du Myanmar n’établisse pas de lois sur le service militaire obligatoire, elle exige que chaque district respecte un quota de recrutement. Les autorités de district qui ne parviennent pas à atteindre le quota reçoivent souvent des amendes. Par conséquent, pour atteindre le quota, de nombreux enfants mineurs sont incités à rejoindre l’armée par le biais de récompenses financières ou de prestige. D’autres fois, l’armée enlève des enfants dans des lieux publics, les forçant à devenir soldats. Le plus grand nombre d’enfants soldats recrutés au Myanmar s’est produit entre 1990 et 2005, lorsque la junte militaire était au pouvoir.

Pendant ce temps, le Myanmar a reçu plusieurs évaluations sur le terrain de la commission d’experts de l’OIT, suivies de recommandations visant à réviser la loi sur les villages et la loi sur les villes. La commission a demandé au gouvernement de modifier ces lois pour se conformer à la convention sur le travail forcé de 1930. Ainsi, la convention relative aux droits de l’enfant a été ratifiée par le Myanmar en 1991.

Après plusieurs inquiétudes soulevées par les Nations Unies, Human Rights Watch a vérifié que le Myanmar comptait environ 70 000 enfants soldats en 2001. Le gouvernement du Myanmar a répondu aux préoccupations internationales dans une lettre adressée au Conseil de sécurité de l’ONU en 2004. Dans la lettre, le gouvernement n’a manifesté aucun intérêt pour n’apportant aucun amendement législatif ni aucune intention de poursuivre les autorités locales pour travail forcé et maltraitance d’enfants en déclarant que « les forces armées du Myanmar sont une force entièrement volontaire et ceux qui entrent dans les services militaires le font de leur propre gré ».

Mesures progressives pour réduire le recrutement d’enfants

Enfin, en 2005, quatre responsables locaux ont été condamnés à des peines de prison pour imposition illégale de travail forcé après avoir prétendument recruté des enfants soldats. En 2009, plusieurs groupes rebelles tels que le Front national Chin ont signé des actes unilatéraux s’engageant à cesser de recruter des enfants soldats.

En 2012, le Myanmar a signé le Plan d’action conjoint. Cela engage le gouvernement à travailler aux côtés de l’ONU pour empêcher le recrutement d’enfants. Suite à la mise en œuvre du Plan en 2012, qui a instauré des procédures de détermination de l’âge plus strictes et l’adoption de directives militaires interdisant le recrutement de mineurs, 956 enfants et jeunes ont été libérés de l’armée. D’autres améliorations ont eu lieu en 2015 lorsque le Myanmar a signé le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’utilisation de mineurs dans les conflits armés.

Depuis lors, le gouvernement du Myanmar et l’ONU ont lancé plusieurs campagnes de sensibilisation du public, établissant également une hotline afin que les citoyens puissent signaler les cas de recrutement de mineurs. En raison de la baisse continue du recrutement d’enfants et des efforts du Myanmar pour protéger les enfants, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a retiré le Myanmar de sa « liste de la honte » annuelle, qui nomme les pays qui ont commis de graves violations contre les enfants.

Le besoin de plus d’action

Malgré les récents efforts du Myanmar pour réduire le nombre d’enfants soldats, en 2021, les Nations Unies ont vérifié le recrutement et l’utilisation de 790 enfants au cours de l’année précédente. Avec 56 enfants morts et 17 enfants enlevés, l’ONU pense que le Myanmar reviendra sur la « liste de la honte » à moins que le gouvernement ne suive les recommandations de l’ONU, notamment :

  • Libérer les enfants en utilisant le cadre du Plan d’action conjoint
  • Faire des 156 affaires pendantes de mineurs suspects une priorité parmi les juridictions nationales
  • Poursuivre les coupables

Avec 10 attaques armées dans des écoles nationales en 2020, les Nations Unies recommandent également vivement au Myanmar d’approuver la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui exige des États qu’ils s’engagent à protéger les écoles et les universités des hostilités armées.

Les efforts existants ainsi que la mise en œuvre des recommandations de l’ONU contribueront à éliminer complètement l’utilisation d’enfants soldats au Myanmar, protégeant ainsi le bien-être des enfants à travers le pays.

– Caroline Cadena
Photo : Flickr

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