Droits des femmes en République centrafricaine: la pandémie de l’ombre

Droits des femmes en République centrafricaine
L’année 2020 a été mouvementée pour le monde entier. Des élections à enjeux élevés à une pandémie mondiale, de nombreux changements se sont produits en peu de temps. Pourtant, alors que beaucoup s’inquiètent du COVID-19 et de la chute économique, une pandémie de l’ombre fait rage dans toute l’Afrique subsaharienne. Les récents verrouillages et les troubles socio-économiques ont entraîné une forte augmentation de la violence sexuelle et du fémicide dans plusieurs États africains. Des pays comme le Libéria et le Nigéria ont vu une augmentation de 50% des viols et des meurtres. Les experts ont attribué un grand nombre de ces cas à des couvre-feux obligatoires. Cependant, les droits limités des femmes en République centrafricaine (RCA) sont également une cause.

La situation

La République centrafricaine a révélé une augmentation de 27% des viols et de 69% des cas de violence contre les femmes et les enfants pendant la pandémie COVID-19. Les droits et la sécurité des femmes ont toujours été un problème de longue date pour la République centrafricaine. En plus d’avoir le rang de l’un des pays les moins sains et les moins développés, la RCA se classe au deuxième rang mondial pour l’inégalité entre les sexes. Selon le Programme des Nations Unies pour le développement, le COVID-19 pose un problème particulier car «les fermetures d’écoles et d’entreprises ont entre-temps augmenté les charges domestiques supportées par les femmes et les filles et réduit considérablement leurs revenus, de plus en plus les vulnérabilités existantes, les confinant dans des foyers qu’elles partagent souvent. avec leurs agresseurs et limitant l’accès aux services de soutien et de santé. »

Depuis 2017, la RCA a contacté les donateurs et les organisations internationales telles que l’ONU et l’Association internationale de développement (IDA) pour apporter des changements de longue date. Dans cette période, on peut voir des progrès dans la lutte pour les droits des femmes en République centrafricaine.

Aperçu des progrès

Alors que la RCA se débat toujours avec les droits des femmes, en général, les organisations à but non lucratif et les acteurs internationaux ont pris des mesures pour aider à changer la donne. Prenons, par exemple, les initiatives des femmes pour la justice de genre, qui, depuis 2008, ont fourni aux militantes locales des informations concernant le Statut de Rome pour les droits de l’homme, des ressources pour mieux protéger les femmes vulnérables et aider à communiquer avec d’autres organisations de défense des droits des femmes. L’organisation a également encouragé la formation d’avocats et de fonds d’affectation spéciale pour les victimes.

Un autre exemple de progrès vers l’amélioration des droits des femmes en RCA est le partenariat avec le Conseil des droits de l’homme pour accueillir une série d’auditions. Ces auditions ont porté sur les récents abus et actes de violence extrême, en particulier ceux qui visent les femmes. Les participants étaient une série d’organisations internationales telles que ONU Femmes et des représentants de plus de 15 pays.

Avec la prochaine saison électorale, la RCA a encore plus de chances de transformer radicalement les droits des femmes dans le pays. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a souligné comment: «Tous les segments de la population de la République centrafricaine, en particulier les femmes, les jeunes, les personnes déplacées et les réfugiés, doivent être au centre des efforts visant à consolider la démocratie et , par conséquent, de ce processus électoral. Actuellement, l’ONU gère des canaux de dialogue pour les partis et groupes d’intérêts opposés afin de garantir que les élections soient justes et pacifiques. Essentiellement, avec la perspective de l’arrivée au pouvoir d’un nouveau chef et de nouveaux partis, cela pourrait être l’occasion idéale de réformer les droits des femmes.

Défis persistants

Bien que l’ONU et la RCA aient récemment signé un accord promettant de lutter contre la violence sexuelle des groupes armés, le pays a encore un long chemin à parcourir. Par exemple, les victimes de viol en RCA ont peu ou pas de moyens juridiques pour demander des réparations ou toute forme de justice. En outre, l’aide médicale aux victimes d’agression et les soins aux femmes, en général, sont pour la plupart sous-financés et incroyablement difficiles d’accès.

De plus, alors que le conflit militaire continue de déstabiliser le pays, de plus en plus de femmes et de jeunes filles sont victimes d’esclavage sexuel et de viols armés. Les femmes des villages ruraux sont principalement ciblées, car le viol est une tactique psychologique dans les conflits violents. De nombreux experts ont fait valoir qu’un tribunal spécialisé chargé des crimes sexuels contre les femmes serait extrêmement efficace pour rendre justice.

Recommandations politiques futures

En plus de créer un réseau de tribunaux spécialisés traitant des droits des femmes et de la violence sexuelle, la RCA peut encore mettre en œuvre de nombreuses politiques et initiatives pour mieux promouvoir les droits des femmes. Par exemple, des procédures d’alerte devraient être mises en place pour protéger les travailleurs humanitaires qui signalent des cas d’agression sexuelle et de violence parmi les populations vulnérables. SOFEPADI, une ONG congolaise, a fait valoir que les agences de développement doivent mieux se coordonner pour aider les femmes prises dans un conflit et nommer des femmes à des postes de pouvoir au sein de leurs organisations.

En réformant la manière dont les travailleurs humanitaires agissent avec les femmes en RCA et en finançant davantage d’organisations dirigeantes de femmes, la RCA et les acteurs internationaux peuvent améliorer considérablement la lutte pour les droits des femmes. Cependant, une autre réforme que la République centrafricaine devrait envisager consiste à créer davantage de zones de développement économique pour les populations marginalisées, telles que les femmes.

Lors d’une récente assemblée générale des Nations Unies, plusieurs dirigeants africains ont préconisé la création d’espaces fiscaux pour investir dans les besoins sociaux, en particulier en ce qui concerne les femmes. De telles réformes peuvent améliorer considérablement les moyens de subsistance des femmes, éduquer les jeunes filles et accorder aux femmes de la RCA une autonomie socio-économique significative. La RCA n’est peut-être pas la meilleure en matière de droits des femmes, mais au fur et à mesure que le temps passe et que les acteurs internationaux poursuivent leurs efforts, l’espoir d’un changement existe.

– Juliette Reyes
Photo: Flickr

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