Investir dans la paix pourrait contribuer à mettre fin à la pauvreté dans le monde

Investir dans la paix
La Banque mondiale a récemment estimé que d’ici à 2030, jusqu’à deux tiers des personnes extrêmement pauvres du monde vivraient dans des situations de fragilité et de conflit. Les SCF ont de graves répercussions sur les pays les plus pauvres: les conflits réduisent la croissance du PIB, en moyenne, de 2% par an et forcent des millions de personnes à fuir leur foyer. Le nombre de personnes déplacées de force dans le monde a plus que doublé depuis 2012, dépassant 74 millions en 2018. Parmi ces personnes, près de 26 millions sont des réfugiés, le pourcentage le plus élevé jamais enregistré, les pays en développement en accueillant 85%. Cela met une pression financière et sociale sur les pays d'accueil tout en dévastant des générations de réfugiés. Les déplacements constants font qu'il est difficile pour les réfugiés de maintenir une source de revenus stable, d'avoir un accès constant aux produits de première nécessité et de recevoir une éducation. En fait, une personne sur cinq dans les pays touchés par le FCS souffre simultanément de l'insuffisance des ressources monétaires, éducatives et d'infrastructure de base, ce qui rend la mobilité sociale difficile. En conséquence, investir dans la paix est très important.

La corrélation entre le FCS et la pauvreté

Il semble y avoir une corrélation entre vivre dans le FCS et la pauvreté, puisque les 43 pays avec les taux de pauvreté les plus élevés au monde sont en FCS en Afrique subsaharienne. Les données de la Banque mondiale montrent que les économies du FCS ont maintenu des taux de pauvreté de plus de 40% au cours de la dernière décennie, tandis que les économies qui ont échappé au FCS ont réduit leur taux de pauvreté de plus de moitié. Au niveau individuel, une personne vivant dans le SFC est 10 fois plus susceptible de connaître la pauvreté qu'une personne vivant dans un pays qui n'a pas connu de fragilité ou de conflit au cours des 20 dernières années.

Une solution à la pauvreté pourrait consister à investir dans la paix: investir dans des entreprises, des organisations ou des agences de développement qui s'efforcent de réduire la prévalence du SCF dans le monde. Si les interventions humanitaires peuvent apporter la paix à court terme, elles n'abordent souvent pas le développement après l'établissement de la paix. En outre, de nombreux conflits à travers le monde sont devenus prolongés et compliqués, rendant les interventions humanitaires moins efficaces à long terme. Les agences de développement, quant à elles, s'efforcent d'instaurer la paix en trois temps: avant, pendant et après le conflit.

Avant le conflit

Une étape importante dans la réduction de la prévalence du SCF dans le monde est de prévenir les conflits avant qu'ils ne commencent. Cela signifie identifier et traiter un point de conflit dans un pays ou une communauté avant qu'il ne devienne généralisé, complexe et potentiellement violent. Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a souligné l'importance d'investir dans la prévention des conflits: «Au lieu de répondre aux crises, nous devons investir beaucoup plus dans la prévention. La prévention fonctionne, sauve des vies et est rentable. » Selon les estimations, pour chaque dollar dépensé par les États-Unis pour la prévention des conflits, ils économisent 16 dollars sur les coûts d’intervention futurs. À plus grande échelle, cette constatation met l'accent sur l'importance d'investir dans la paix pour réduire la nécessité d'une intervention humanitaire coûteuse lorsque le conflit est généralisé, complexe et violent.

Le Global Fragility Act de 2019 est un exemple de loi américaine encourageant les investissements dans la prévention des conflits. La loi autorise 1,15 milliard de dollars au cours des cinq prochaines années pour financer les efforts de prévention des conflits violents et de consolidation de la paix dans les pays du SFC. La loi profite également aux contribuables américains, car la prévention des conflits violents est beaucoup plus rentable que de contenir un conflit par une intervention humanitaire.

Pendant le conflit

Certaines agences de développement du monde entier font des investissements à moyen et long terme dans des pays en proie à des conflits prolongés. Les investissements visent à préserver le capital humain et à renforcer les institutions locales œuvrant pour la promotion de la paix et la protection des civils. Ces investissements servent de filet de sécurité sociale pour les personnes à risque, leur fournissant les nécessités et services de base tels que l'accès à l'eau, à la nourriture et à l'éducation. Les conflits violents peuvent affecter considérablement l'accumulation de capital humain dans une population, et les effets peuvent être durables si le conflit se prolonge sur plusieurs générations. Il est donc important de fournir aux gens ce filet de sécurité sociale pour s'assurer qu'ils peuvent reconstruire leur vie économiquement et socialement après la fin du conflit.

Les investissements de la Banque mondiale au Yémen sont un exemple réussi d’investissement dans un pays en proie à un conflit. Le Yémen est en crise depuis près d'une décennie, depuis que les Houthis ont renversé son gouvernement, entraînant ce que l'ONU a appelé «la pire (crise humanitaire) au monde». Des millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays alors qu’elles souffraient de pénuries médicales et de menaces de famine. L’Association internationale de développement de la Banque mondiale a alloué 400 millions de dollars à la création d’emplois et à la fourniture aux réfugiés de ressources essentielles dans le cadre de son Projet d’intervention en cas de crise d’urgence (ECRP). En conséquence, 4,3 millions de personnes ont eu accès aux services communautaires (eau, assainissement, meilleures routes, etc.) et 9,5 millions de jours de travail ont émergé. Un autre élément du PRCE est un transfert en espèces de 448,58 millions de dollars aux ménages pauvres et vulnérables. Au 9 avril 2020, les transferts avaient atteint 1,42 million de ménages ou 9 millions d'individus. La stratégie d’engagement de la Banque mondiale pour le Yémen 2020-2021 continuera de financer le PRCE et d’autres initiatives visant à fournir des services essentiels, à préserver le capital humain du Yémen et à renforcer les organisations locales aidant les personnes dans le besoin.

Après un conflit

Investir dans la consolidation de la paix après les conflits est une autre façon dont les agences de développement peuvent aider ceux qui vivent dans les FCS. Les investissements dans la consolidation de la paix peuvent compléter les efforts humanitaires et de maintien de la paix en favorisant la croissance économique et sociale après la fin d’un conflit. Un élément important de la promotion de la croissance économique consiste à investir dans les micro et moyennes entreprises comme moyen de créer des emplois et de relancer l'économie locale. Il est également important d'investir dans le gouvernement pour s'assurer qu'il peut fournir à ses citoyens les services et ressources essentiels bien après la fin du conflit.

Un organisme investissant dans la consolidation de la paix après les conflits est le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix (PBF). Le PBF est un instrument financier utilisé pour maintenir la paix dans les pays en FCS. Le PBF investit avec d'autres entités des Nations Unies, des gouvernements, des banques multilatérales, des ONG et des fonds fiduciaires nationaux multidonateurs. Depuis sa création, 58 États membres ont contribué au fonds, avec une allocation de 772 millions de dollars à 41 pays bénéficiaires de 2006 à 2017. La stratégie PBF 2020-2024 du Secrétaire général appelle à un investissement de 1,5 milliard de dollars dans les pays dans le FCS au cours du prochain cinq ans. La plus grande distribution de fonds (35%) servira à faciliter les transitions entre les missions humanitaires et la consolidation de la paix et le développement futur.

Avoir hâte de

Prévenir, créer et maintenir la paix dans le FCS est une tâche ardue qui peut prendre des années à accomplir dans certains domaines. Il est important d'investir dans la paix aux trois stades du conflit pour sauver des vies, économiser de l'argent et préserver les ressources. Il existe actuellement de nombreuses agences d'aide multilatérales qui investissent des milliards de dollars dans les pays du FCS, et on peut espérer que ces efforts, ainsi que les interventions humanitaires, réduiront la prévalence du FCS dans le monde. Investir dans la paix pourrait être le début de la fin de la pauvreté mondiale, et si le monde travaille ensemble pour réduire le SCF, cela pourrait sortir des millions de personnes de la pauvreté dans le monde.

Harry Yeung
Photo: Flickr

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